La presse périodique scientifique sur les réseaux
Ghislaine CHARTRON
URFIST de Paris/École Nationale des Chartes - chartron@cnam.fr - Paris le 20 Août 1995
Paru dans : Les Nouvelles Technologies dans les bibliothèques., sous la direction de Michèle Rouhet, Le Cercle de la Librairie, 1996.
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Le développement des réseaux électroniques,
vecteur d'échanges internationaux, n'est pas sans effet sur les modes
de production, d'organisation et de diffusion de la presse périodique
traditionnelle. Le phénomène débute dès les
années 70 avec l'essor des réseaux internationaux de
télécommunication. Aujourd'hui, le processus est amplifié
par le réseau informatique Internet, d'origine américaine, qui se
déploie maintenant sur l'ensemble des continents. Des mutations sont
perceptibles dans tous les secteurs de la presse périodique. Dans cet article, nous exposerons les mutations qui affectent actuellement la presse scientifique périodique sur Internet après avoir rappelé quelques étapes antérieures. Nous terminerons sur quelques repères pour la presse spécialisée et grand public sur les réseaux. |
La périodicité peut être régulière ou non, un numéro ISSN (International Standard Serial Number) caractérise ce type de publication.
Parmi la vaste famille de la presse périodique, on identifie les journaux (quotidiens, hebdomadaires ...), les magazines, les revues, les lettres d'informations et autres.
Pour le domaine scientifique, la revue continue à jouer le rôle de médium privilégié pour la certification et la diffusion des savoirs. Par la suite, nous désignerons le même objet par les termes "revues scientifiques" et "journaux scientifiques", le second étant directement inspiré par le terme anglais "scientific journals".
Alors qu'au 17ème siècle, le journal apparaît comme une nouvelle technologie de communication, au 18ème, il affirme des fonctions de certification de la découverte scientifique avec l'introduction du "copyright" en 1709.
Le journal devient une pratique de la science comme le souligne De Solla Price "The journal paper became not just the communication, but the discovery itself".
Au 19ème siècle, le nombre de journaux créés croît considérablement et l'article devient l'indicateur principal pour l'appréciation de l'activité d'un chercheur. L'explosion majeure du nombre de périodiques scientifiques se situe après 1950, sous l'impulsion de nombreuses sociétés savantes. On estime aujourd'hui que 25 millions d'articles scientifiques sont produits par an, approximativement 100 000 articles par jour ! On estime à environ 200 000 le nombre mondial de revues scientifiques, techniques et médicales [3].
Dès la fin du 19ème siècle, l'accès à la littérature scientifique devint vite un problème. La création de journaux secondaires fut déjà une première étape pour améliorer l'accès : en 1878 est créé l"Index Medicus", en 1907 les "Chemical Abstracts", en 1921 les "Biological Abstracts". Ces revues secondaires appelées aussi "bulletins signalétiques", recensent les articles parus dans les principales revues de leur domaine en mentionnant leur titre, l'auteur, la revue, le résumé éventuellement.
L'avènement de l'informatique et des technologies de communication électronique vont ensuite marquer une grande étape dans l'accès à l'information scientifique. Les bulletins signalétiques cités précédemment vont commencer à être informatisés à partir des années 1960 pour constituer des banques de données bibliographiques telles que Medline (pour l'Index Medicus), CAS-Online (Chemical Abstracts Service), Biosis (Biological Abstracts). Les recherches d'informations sont alors possibles sur les différents champs des notices bibliographiques, avec la possibilité de croiser ces critères, fonction impossible avec des index-papier.
Le développement des réseaux de télécommunication tels que Tymnet, Telenet, Transpac, durant les années 70 ainsi que la commercialisation d'ordinateurs de plus en plus performants ont permis techniquement l'essor du marché de l'information en ligne.
Le contexte de l'inflation documentaire déboucha alors sur la création de nombreuses banques d'information accessibles par ces réseaux. Le phénomène est important dans l'évolution des modes de diffusion du savoir scientifique : dans ce schéma, l'entité de base n'est plus la revue mais l'article, l'abonnement à la revue n'est plus indispensable. Le paradigme de l'abonnement/archive se voit fortement concurrencé par celui de la fourniture "juste à temps" des articles intéressants. De nouveaux acteurs apparaissent : les producteurs et les serveurs.
Pour produire les banques de données bibliographiques, les producteurs dépouillent un certain nombre de périodiques choisis, signalent ces articles par des notices bibliographiques. Les notices sont cumulées dans les banques depuis leur origine, ainsi Pascal, banque multidisciplinaire en sciences exactes et biomédicales produite par le CNRS depuis 1973, offre plus de 10 millions de notices consultables en ligne.
Les serveurs sont essentiellement des acteurs commerciaux assurant la logistique informatique selon une architecture centralisée : les banques sont installées sur leurs ordinateurs et interrogées à distance par les utilisateurs via différents réseaux. Un serveur héberge différentes banques produites par différents producteurs. Les serveurs assurent également la mise au point des interfaces de consultation.
Cette division des tâches (auteur-producteur-serveur) est aujourd'hui sérieusement remise en cause par des dispositifs techniques tels qu'Internet et l'on assiste plutôt à une intégration des rôles. Nous y reviendrons plus tard.
Au niveau français, les principaux serveurs sont :
Les bases bibliographiques sont en ASCII (American Standard Code for Information Interchange) et ne permettent pas de visualiser des tableaux, des schémas, des images ...
Certains serveurs ont enrichi leur produit ASCII avec ce type de fonctionnalités, c'est le cas du serveur STN avec son logiciel d'interrogation "Messenger" ou encore le serveur Questel/Orbit avec le récent logiciel "Imagination" servant à visualiser notamment les schémas associés aux brevets. Mais ces solutions sont plus limitées que celles offertes par les langages liés à l'édition électronique dont nous parlerons ultérieurement.
Mais ces produits en texte intégral sont encore une fois très appauvris : il ne subsiste que les caractères ASCII du texte des articles dépourvus de toute mise en page, enrichissement typographique, illustrations. L'offre se répartit entre les magazines d'intérêt général, les rapports de marché, certaines revues et lettres d'information médicales (médecine clinique, médecine préventive), la presse grand-public et spécialisée, le texte intégral des brevets, l'information juridique et enfin quelques revues scientifiques principalement en chimie (par exemple la banque CJACS contenant le texte intégral de 15 revues de l'American Chemical Society et la banque CJElsevier couvrant 4 revues de l'éditeur Elsevier accessibles sur STN). Les revues scientifiques sont cependant peu présentes en texte intégral, pour des raisons liées en partie aux limites du codage.
Pour le domaine presse/actualité, on trouve les "banques AFP professionnel", La Croix, Les Echos, 01 Informatique, Le Journal Officiel, pour le domaine des entreprises "Décidial", "Indices et Cotations", pour les sciences "Medline", "Bioethics", "Pascal", "Francis".
La demande d'information doit être formulée sous forme
d'équation booléenne. Chaque serveur a son langage de commandes.
Les coûts se divisent en coûts horaires de consultation des
banques, coûts réseaux éventuellement et coûts de
visualisation des notices. On estime qu'en moyenne une recherche revient entre
150 et
Pour le Minitel, l'accès est plus simple mais aussi plus lent et plus
réduit par les possibilités d'interrogation. Les coûts
varient entre
Des informations pratiques complémentaires peuvent être consultées dans la brochure éditée par la Direction de l'Information Scientifique et Technique et des Bibliothèques [4].
Ainsi le "British Library Document Supply Center", l'un des principaux fournisseurs européens de photocopies d'articles, paie en moyenne depuis le mois de mai 95 la somme de 28F pour le droit de copie de chaque article. Le prix est variable selon les revues : certains éditeurs imposent des droits de l'ordre de $20 pour des articles de revues "prestigieuses" alors que d'autres ne demandent qu'un dollar.
Dans la majorité des pays se mettent en place des organismes relayant les éditeurs pour la gestion des droits de copie : le Copyright Clearance Center (CCC) aux USA, Le "Copyright Licensing Agency" (CLA) au Royaume Uni, le Centre Français du droit de Copie (CFC).
La tendance est l'instauration d'une gestion collective obligatoire du droit de copie gérée par ce type d'organisme. Le montant des redevances perçues par le CFC en France était de 3 MF en 1994, évalué à 10 MF en 1995 et estimé à 300 MF d'ici 5 ans [5].
Une autre étape est le développement de revues "complètement électroniques" dans toutes les phases de production, de diffusion et de lecture, impliquant des échanges électroniques entre tous les acteurs (auteurs, éditeurs, comités de sélection, lecteurs).
Ce type de revue suppose implicitement l'usage d'un réseau électronique de communication reliant les différents partenaires. C'est ainsi que Schakel en 1983, dans le cadre du projet BLEND, définissait le journal électronique "un journal qui utilise un ordinateur pour les phases normales selon lesquelles il est écrit, certifié, accepté et publié. Avec un logiciel approprié, un auteur peut entrer un texte dans le système, l'éditeur, les membres du comité de sélection et les lecteurs tout comme l'auteur peuvent avoir accès à l'article sur leur terminal" [6].
Cette interactivité que permet le réseau est un atout majeur pour le développement des revues sur le réseau [7].
Aujourd'hui, l'étude des produits existants montre que le concept de journaux électroniques, ou revues électroniques, peut désigner des produits assez hétérogènes :
Ces premiers projets n'ont pas rencontré de vifs succès au moins pour les raisons suivantes :
Donnons quelques exemples pour illustrer les coûts actuels de certaines
revues. La revue JASIS (Journal of the American Society for Information
Science) éditée par John Wiley & Sons affiche pour un client
français un tarif annuel de $593.50 couvrant 10 numéros par an.
La prestigieuse revue Biochimica et Biophysica éditée par
Elsevier et créée en 1947 avait fixé à
l'époque un tarif d'abonnement de $9, aujourd'hui cette même revue
coûte $7000 par an ! Un facteur 800 en 50 ans ...
Françoise
Renzetti [12] nous indique qu'en France le
réseau français des bibliothèques de mathématiques
a relevé une hausse de 15% des abonnements aux revues de
mathématiques entre 1992-1993.
Lorsque l'on sait, de surcroît, que certaines revues demandent une participation à l'auteur pour publier son article, on ne peut s'empêcher d'avoir quelques interrogations sur les coûts de l'édition papier, les profits des éditeurs et le devenir des revues si seules quelques institutions bien dotées maintiennent leurs abonnements? Pourquoi ces abonnements sont-ils si élevés? Les éditeurs invoquent les frais de personnels et de gestion, la concurrence déloyale du photocopillage et l'usage répandu du "fair use" qui autorise des photocopies dans le cadre d'activités bien définies (critique, commentaire, enseignement, recherche) [14].
Le prix du papier semble également en hausse régulière, et certaines revues sont contraintes aujourd'hui de payer les membres du comité de lecture [15].
Cependant, tous ces arguments ne suffisent pas, surtout quand l'un des responsables d'Elsevier annonce récemment que son entreprise réalise des marges bénéficiaires de 34,4% pour les revues scientifiques, marge la plus élevée faite par cet éditeur sur ses différents produits (pour les produits presse grand-public, il annonce 14% de marge, pour ses produits presse professionnelle 25,7%) [16].
Pour certains domaines où les avancées sont rapides, (médecine clinique, sciences de l'ordinateur ...), des expériences de journaux électroniques sont amorcées. Ann Okerson écrit :
"Il y a 100 ans, peut-être même il y a 20 ans, les articles étaient publiés dans des journaux parce que les journaux étaient le moyen le plus rapide de diffuser des nouvelles idées, des nouvelles découvertes. L'explosion de l'information et les conventions de diffusion des journaux engendrent une situation selon laquelle l'article écrit peut prendre autant de temps voire plus qu'une monographie pour être accessible au lecteur. Comme les articles attendent pour être évalués, édités et publiés dans un journal, les délais de diffusion sont de l'ordre de plusieurs mois. Une à deux années d'attente n'est pas inhabituel. Moins de 6 mois est estimé comme rapide. Cependant, comme les scientifiques demandent les dernières idées, de plus en plus d'articles sont distribués à l'avance à travers des collèges informels, des listes de diffusion entre collègues et amis." [17]
D'autre part, deux points sont à souligner concernant l'évolution des pratiques scientifiques :
Le secteur est très rentable pour ces grandes maisons d'édition, plus que la presse grand public ou la presse professionnelle.
De plus le lectorat est captif acceptant très souvent des tarifs élevés d'abonnement.
Pour prendre le virage des réseaux électroniques et de l'édition électronique, de nombreux projets sont élaborés et une attention particulière est accordée aux exigences des communautés scientifiques. Face à ces géants de l'édition, quelques acteurs du monde de la recherche (chercheurs, presses universitaires, bibliothèques) tentent d'infléchir le virage dans un tout autre sens : développer une presse scientifique électronique à un coût minimum d'abonnement pour les communautés scientifiques en court-circuitant des acteurs commerciaux.
Les éditeurs mettent en avant le non-professionnalisme de ces nouvelles revues et la valeur ajoutée qu'eux seuls seraient en mesure d'apporter (certification, marketing, ...). Et pourtant quelques revues "académiques" commencent à faire leur preuve ainsi que d'autres modes de diffusion du savoir scientifique comme les bases de pré-publications. Les rapports de force sont facilités par la banalisation de l'outil de production éditorial sur les réseaux, les chercheurs ont aujourd'hui la possibilité d'infléchir les conditions imposées par ces monopoles éditoriaux depuis quelques dizaines d'années.
Des partenariats sont parfois négociés et de nouveaux modèles économiques pour l'édition scientifique sont en cours de réflexion [18].
En 1991, il était recensé 110 journaux et lettres d'information, 249 en 1993, 400 en 1994, près de 700 en 1995. Plus précisément en 1995, il est recensé 306 journaux ou magazines et 369 lettres d'informations ou autres publications en série. Le nombre de journaux avec comité de sélection est évalué à 142, ce chiffre a doublé depuis la dernière édition du répertoire.
On note en 1995 une augmentation importante de produits diffusés sur des serveurs WWW (World Wide Web) en format HTML qui tend à devenir le standard multimédia. Pour compléter ces chiffres fournis par Ann OKERSON, nous avons effectué une petite étude sur les 142 journaux identifiés avec comité de sélection, considérant que cette procédure donnait une certaine garantie de la qualité des journaux créés. Nous parvenons aux caractéristiques suivantes :
Il est évident que ces critères quantitatifs devraient être doublés de critères qualitatifs sur le contenu des revues. Nous ne sommes pas en mesure de le faire dans cet article.
Parmi ceux-ci :
Certains éditeurs développent aussi des journaux électroniques : soit une édition électronique de journaux existants, soit une création de nouveaux journaux exclusivement sur le support électronique pour des domaines scientifiques ciblés.
Ainsi par exemple, Springer-Verlag dispose en juillet 95 de 5 journaux électroniques [21]. Ils testent le marché par ces produits pilotes. Lorsque la revue existe sous forme papier, pour un coût supplémentaire peu élevé, l'utilisateur peut tester la version en ligne. Pour des revues nouvelles, la gratuité est souvent pratiquée afin d'attirer les lecteurs potentiels.
Quelques presses universitaires américaines ont la volonté d'aider la création de revues électroniques telle que MIT-Press qui offre un ensemble de services éditoriaux : production, marketing, publication, diffusion.
Enfin, quelques éditeurs commerciaux préfèrent s'appuyer sur les compétences d'autres partenaires pour tester l'édition électronique de leurs produits. Un acteur important pour ce partenariat est OCLC. Créé en 1967 par les présidents des Universités et Collèges de l'état d'Ohio, Ohio College Library Center (OCLC) avait à l'origine la mission de développer un système informatique par lequel les bibliothèques académiques de cet état pourraient partager leurs ressources et réduire ainsi leurs dépenses. En 77, un élargissement aux autres bibliothèques est décidé et le groupe devient OCLC Inc. (Online Computer Library Center) en 1981. Aujourd'hui OCLC dessert plus de 18000 bibliothèques de tout type réparties dans 52 pays différents. L'organisation se définit comme une organisation à but non lucratif. Parmi l'ensemble des services proposés, le service EJO (Electronic Journals Online) assure la distribution électronique de revues. Le logiciel client permettant la visualisation graphique des articles est GUIDON, produit OCLC. Par rapport à d'autres produits standard du marché (Mosaic, Netscape), Guidon semble pouvoir résoudre certains problèmes d'affichage et d'impression [22]. Par ce service EJO, OCLC est partenaire de différents éditeurs pour la diffusion de certaines revues [23].
La Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles (SMAI) et la Société de Mathématiques de France (SMF) ont le projet de deux revues, soutenues financièrement par le Ministère de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Insertion Professionnelle, avec l'aide technique de l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et Automatique). Ces revues sont ESAIM:COCV (European Series in Applied and Industrial Mathematics : Contrôle, Optimisation et Calcul des Variations) et ESAIM:P&S (Probabilités et Statistique). L'objectif est de tester le support au sein d'une communauté utilisant aisément le réseau. Les coûts d'abonnement sont annoncés modestes.
D'autres revues électroniques en mathématiques ont déjà été créées en France, mais avec ces projets-ci, il est intéressant de voir des acteurs relais reconnus (SMF, SMAI) se mobiliser pour le développement des revues électroniques.
La version électronique d'APL (ISSN 1077-3118) est organisée comme une base de données accessible à distance par un réseau. Le logiciel interface utilisé est Guidon, développé par OCLC et utilisant le langage d'édition électronique SGML (Standard Generalized Markup Language). Ce changement de support est facilité par la volonté de numériser totalement la production de la revue pour fin 1995 [25].
L'unité majeure est l'article et non l'exemplaire de la revue. L'interface permet de rechercher des articles en donnant des mots particuliers et en spécifiant éventuellement les champs dans lesquels ces mots doivent être recherchés. On peut également limiter la recherche par type de document, par date de publication, par un "subject heading" attribué à l'article. On retrouve toutes les finesses de la recherche documentaire dès lors que des index sont gérés parallèlement au produit textuel. Deux boutons reconstituent une lecture plus séquentielle : un bouton permet de visualiser tous les numéros disponibles puis en cliquant sur un numéro particulier de voir la liste des articles disponibles dans ce numéro. Un autre bouton permet de visualiser tous les titres de tous les numéros disponibles.
La visualisation de chaque article est organisée sous forme d'hypermedia avec la possibilité de naviguer dans son contenu par différents liens : liens sur les figures, sur les tableaux, sur les notes bibliographiques. De plus les références bibliographiques disponibles dans la base SPIN (Searchable Physics Information Notices) de l'AIP peuvent être visualisées directement à l'écran. Le documentaire et l'éditorial s'intègrent pour satisfaire au mieux la requête d'informations. Les articles visualisés peuvent être télédéchargés sur son micro en format ASCII, SGML ou en format spécifique à Guidon.
Concernant les coûts et les droits de copie : les tarifs sont identiques pour la version en ligne et la version papier : $125 pour les individuels-membre AIP, $140 pour les autres. Pour les abonnements institutionnels, la version papier n'affiche qu'un seul prix ($1195) alors que la version en ligne est fonction du nombre d'accès simultané possible ($1195 pour 1 accès, $1495 pour 5 accès, $1745 pour 10 accès). Pour la version réseau, il faut rajouter le coût du réseau : pas de charge supplémentaire par Internet, pour le réseau propre à OCLC ($6.90/h), pour Compuserve ($6.90/h). Pour les droits de copie, les règles sont les mêmes que pour l'édition papier, à savoir que tout article peut être télédéchargé pour un usage uniquement personnel. Toute photocopie pour des usages personnels ou internes à un organisme doit être affranchie du droit de copie fixé par l'AIP à $6.00 par article.
Les réactions des usagers ayant testé le produit en ligne montrent quelques insuffisances techniques : l'impossibilité de télédécharger un volume entier de la revue (ne serait-ce pas volontaire pour éviter les photocopies trop facile ...?), l'insuffisance des visualiseurs HTML du domaine public pour afficher les articles (exposants et indices non gérés, problème d'impression, mauvaise résolution graphique). OCLC préconise évidemment l'usage de son interface propriétaire Guidon pour résoudre les problèmes liés à la qualité de la visualisation.
La revue a été créée en 1989 et possède un comité de sélection depuis 1991. Charles W. Bailey Jr., bibliothécaire de l'Université d'Houston, est l'éditeur en chef, Leslie Dillon (OCLC), Ann Thornton et Dana Rooks (bibliothèques de Houston) sont les éditeurs associés. La revue est diffusée gratuitement aux abonnés [26]. On compte 3226 abonnés répartis dans plus de 57 pays.
La publication est irrégulière, les articles sont diffusés en format ASCII et HTML [27]. Une édition papier des différents volumes réunis en ouvrage est également disponible. Les droits de copie des articles sont gérés par l'Université de Houston. Toute reproduction à des fins académiques est permise, toute copie à des fins commerciales doit obtenir l'autorisation de l'Université. L'utilisateur peut accéder à la revue par des outils standard du réseau Internet : messagerie, FTP, interfaces Gopher et WWW. Une visualisation de l'ensemble des volumes, du sommaire d'un volume particulier et de l'index alphabétique cumulé est possible. Certains sites archivant la revue ont prévu également un accès par mots du contenu des articles, en indexant ceux-ci avec un logiciel public tel que WAIS. Les fonctionnalités disponibles lors de l'interrogation sont pour le moment un peu moins sophistiquées que celles d'un produit commercial tel que APL associé à l'interface propriétaire Guidon.
La revue compte environ 54 articles depuis l990, donc un rythme moyen de 10 articles par année, ce qui semble un ordre de grandeur assez courant dans ce type de nouvelle revue pour le moment. Le danger est l'essoufflement du produit si une reconnaissance institutionnelle ne se consolide pas.
Pour anticiper sur le marché de l'édition électronique, il lance différents projets et principalement le projet TULIP (The University LIcensing Program) dès mars 91 en partenariat avec 9 universités américaines parmi lesquelles l'Université de Californie (tous les campus), Carnegie Mellon, Massachusetts Institute of Technology, Cornell.
Les objectifs poursuivis sont multiples :
Le projet concerne initialement 42 journaux choisis dans le domaine des sciences des matériaux. Ces produits sont installés sur certains ordinateurs des différentes universités et diffusés sur les campus via les réseaux locaux. Les fichiers diffusés sont de trois types :
Ce dernier fichier ne sert qu'à la recherche d'informations et non à la visualisation. La mise à jour est faite tous les 15 jours et envoyée aux universités par Internet. L'utilisateur a la possibilité de rechercher sur les informations bibliographiques et sur le texte des articles grâce aux index construits avec les fichiers ASCII.
Le problème majeur est le volume généré par les fichiers image : pour 1992 ces journaux ont publié 103 000 pages correspondant à 11 Giga de volume de stockage !
De plus, la chaîne de traitement est très lourde essentiellement par la nécessité d'utiliser un logiciel de reconnaissance optique des caractères. Ces choix techniques sont liés au fait que la majorité des journaux impliqués n'ont pas une chaîne de production numérisée, donc pas de format de type SGML. Il faut donc élaborer le produit électronique à partir du produit papier, ce qui semble assez paradoxal.
Dans le prolongement du projet TULIP qui s'achève fin 1995, Elsevier a annoncé un nouveau service "Elsevier Electronic Subscriptions" (EES), en test cette année sur des projets pilotes et offrant aux bibliothèques les éditions électroniques de l'ensemble de ses 1100 revues. Les prix ne sont pas encore donnés mais le modèle est annoncé : dans la logique de TULIP, la diffusion et l'utilisation de ces versions électroniques seront assujetties à l'achat d'une licence globale pour l'institution. La licence pourra couvrir un nombre de photocopies illimité des articles mais le client pourra aussi choisir de payer à l'article imprimé ou télédéchargé. Le service devrait être disponible fin 1996. Techniquement, les choix sont très proches de TULIP, les fichiers visualisés sont toujours des fichiers image, et Elsevier estime qu'en moyenne un numéro d'une revue demandera 14 megabytes de stockage. Elsevier n'a pas encore la ferme intention de modifier rapidement la chaîne de production de ses journaux ; le choix d'un format tel que SGML est uniquement en test pour quelques journaux ciblés. L'éditeur est prudent et semble encore miser sur la diffusion papier de ses revues.
Pour les journaux électroniques commerciaux, il suffit de contacter l'éditeur et de payer l'abonnement avec les moyens identiques permettant de régler un abonnement papier.
Pour les journaux électroniques gratuits, la notion d'abonnement n'a de sens que si l'éditeur tient à connaître ses usagers.
Pour les journaux distribués par messagerie, il faudra envoyer un message d'abonnement à l'adresse du journal (cf. le cas de Pacs-Review) afin d'enregistrer les coordonnées électroniques.
Pour les journaux distribués par des serveurs Gopher ou WWW, l'usager pointe sur ces ressources en indiquant leur adresse sur son micro, une clé d'accès pourra éventuellement être demandée.
Le coût de l'abonnement à une revue électronique commerciale existant sur papier est généralement identique à celui de cette version papier. Certains annoncent pourtant des baisses de 25 à 30 % du prix de revient d'une revue électronique [28] mais les éditeurs invoquent pour le moment des frais initiaux d'investissement. Certains proposent également un abonnement électronique couplé à un abonnement papier pour une hausse d'environ 15 % du prix normal de l'abonnement papier ou même sans supplément de coût. Mais beaucoup d'éditeurs sont inquiets du fait qu'un abonnement électronique pourrait remplacer plusieurs abonnements papier [29] : avec une clé d'accès, il est possible d'accéder à la revue n'importe où, à n'importe quel moment. Rien ne garantit qu'une clé d'accès ne puisse pas être prêtée à l'extérieur de l'institution ayant souscrit l'abonnement.
Un modèle de paiement forfaitaire par université semble être le choix de plusieurs éditeurs comme Elsevier à travers son projet Elsevier Electronic Subscriptions. Il s'agit d'établir une licence de site en fonction de l'usage local et avec des garanties pour les deux partenaires. Ce modèle rejoint en partie les licences payées pour les CD-Rom en réseau disponibles dans quelques bibliothèques universitaires.
Une autre évolution observable surtout auprès des sociétés savantes responsables de revues telles que l' American Physical Society ou l' American for Computer Machinery, est une mutation de la revue sous forme d'une banque de données des articles (c'est ce que nous avons vu avec la revue APL). Dans ce cas, la notion d'abonnement pourrait disparaître, et on s'orienterait plutôt vers une facturation à l'unité c'est-à-dire à l'article de façon similaire aux banques de données ASCII que nous évoquions au début de cet article.
Pour les revues créées par des chercheurs, le problème est le même : les archives sont aussi centralisées sur les ordinateurs offrant le produit et accessibles à distance.
Certains sites maintiennent à jour des catalogues de revues électroniques du réseau et donnent directement accès aux archives de ces revues à partir de pointeurs, c'est le cas de l'ARL [31], de WWW Virtual Library [32], de BUBL [33] mais le problème reste entier car ces sites ne font que renvoyer à l'ordinateur de l'éditeur, ils ne stockent pas les archives localement. L'archivage est un problème encore mal étudié pour de nombreux journaux, des miroirs seraient nécessaires pour optimiser les accès.
En mai 95, le répertoire de l'ARL mentionne 368 lettres d'informations ou autres publications périodiques à côté des 306 revues et magazines.
La lettre d'information est très importante pour de nombreux chercheurs : elle permet de connaître le calendrier des futures manifestations scientifiques de son domaine, les appels à communication, les résumés de certains travaux, les commentaires sur de récentes publications. De nombreuses lettres d'information sont publiées par des chercheurs, des sociétés savantes ou des départements d'université; elles sont généralement gratuites.
Françoise Renzetti nous précise leur rôle :
"Comme la
forme imprimée primitive, la lettre d'information électronique
quand elle émane d'une institution, rend compte de la vie
associative, ... les lettres pour lesquelles le contenu scientifique l'emporte
sur les autres rubriques sont souvent issues de conférences
électroniques modérées. La lettre d'information
électronique est alors une forme de ré-actualisation de la
fonction de diffusion de l'information périodique."
Le pionnier est certainement Paul Ginsparg, physicien américain
à Los Alamos, qui, à l'aide d'un logiciel qu'il a conçu, a
fondé une banque archive des pré-publications dans le domaine de
la physique des hautes énergies. La banque a commencé en
août 91, elle comptait 1300 abonnés en Octobre 92, 2400 en Janvier
94 et 3800 début 95. Ce service est perçu comme un vrai
succès, concurrençant sérieusement les revues
traditionnelles du domaine. Depuis, Ginsparg héberge sur son ordinateur
de nombreuses autres bases (15 en physique, 7 en mathématiques, 5 en
dynamique non-linéaire, 1 en linguistique et informatique ...). Il estime
qu'environ 45000 transactions sont faites par jour sur l'ensemble de ces bases,
soit environ les accès de 25000 utilisateurs de plus de 70 pays [35].
Les éditeurs voudraient obliger
les auteurs à retirer leurs articles de ces bases lorsqu'ils sont
effectivement publiés dans leurs revues, mais le rapport de force est tel
que certains éditeurs ne s'y risquent plus.
D'autres bases dans d'autres sites se développent : en philosophie par exemple (la base IPPE : International Philosophical Preprint Exchange), en philologie, histoire, économie ...
Avec la même volonté de diffuser rapidement, librement, gratuitement les écrits scientifiques.
Dans un schéma traditionnel de la presse scientifique papier, l'accès à l'article se fait par le biais d'un abonnement souscrit auprès de l'éditeur par le lecteur ou la bibliothèque avec éventuellement le recours à une agence d'abonnement pour faciliter les transactions avec l'étranger :
Le support réseau international a bousculé cette organisation dès les années 70 avec l'émergence des banques en ASCII. L'accès à l'article est devenu indépendant de l'abonnement par le biais des serveurs et des producteurs de banques de données. L'interrogation de ces banques pouvant se faire aussi bien dans la bibliothèque qu'à l'extérieur sous la condition d'avoir un code d'accès :
La généralisation de l'édition électronique par un réseau tel Internet bouscule à nouveau la chaîne en permettant une intégration verticale des rôles. Le savoir-faire de tous les intermédiaires (éditeurs, serveurs, producteurs, bibliothèques) peut être remis en cause dès lors que le chercheur dispose d'outils d'édition électronique banalisés et un réseau international pour diffuser ses écrits directement à ses collègues. Plusieurs schémas sont envisageables et sont par ailleurs déjà opérationnels, parmi ceux-ci :
Un continuum entre l'acte de publier, d'éditer et d'accéder est au centre des débats [36]. Mais le changement de support ne gomme pas les fonctions traditionnelles de promotion, certification, archivage des écrits scientifiques, et il s'agit de savoir quels sont les acteurs qui assumeront ces tâches : chercheurs (c'est peu probable dans de nombreux domaines) [37], presses universitaires, bibliothèques, sociétés savantes ou encore éditeurs commerciaux ?
Certains projets comme le projet MUSE à l'université américaine John Hopkins, ont amorcé un partenariat étroit entre presses universitaires, bibliothèques et centre informatique [38].
D'autres impliquent fortement des sociétés savantes très actives. Les modèles risquent en fait d'être très différents selon les domaines scientifiques, les universités et les pays.
L'édition électronique de la presse grand-public ou
spécialisée sur CD-Rom est aujourd'hui bien
développée : on trouve par exemple the Guardian, the Times et
the Sunday Times, the Independent, Der Spiegel, La Recherche, Le
Monde ...
Par rapport à la version en ligne ASCII, le CD-Rom
présente l'avantage d'intégrer l'ensemble des illustrations des
revues, et de plus le temps de consultation ne compte pas puisque l'abonnement
est forfaitaire.
Au moment où nous écrivons ces lignes, l'édition électronique sur les réseaux en est encore à ses débuts et principalement via Internet. Les acteurs sont ici exclusivement des commerciaux. L'usage des ordinateurs et de leurs réseaux pour le grand-public ne touche encore qu'une faible partie de la population, certes en croissance régulière mais encore minoritaire. Le phénomène est très récent, de nombreuses maisons de presse américaines investissent actuellement le support électronique.
Comme pour les revues scientifiques, l'édition électronique d'un quotidien sur Internet permet d'expérimenter de nouvelles fonctions :
Citons également le Wall Street Journal qui offre une version en ligne, à savoir le "Personal Journal", édité spécialement pour chaque lecteur et actualisé tout au long de la journée. Le journal est personnalisé dans le sens où chaque lecteur au lieu de recevoir l'intégralité du journal, ne reçoit que des informations relatives aux thèmes qu'il a sélectionnés. Le lecteur reçoit également les informations essentielles de chaque numéro. L'abonnement est de $13 par mois pour un accès par jour, chaque accès supplémentaire est facturé 50 cents supplémentaires [39].
Ainsi Dialog donne accès à 53 quotidiens ou hebdomadaires américains, Mead Data donne accès à NEXIS couvrant les informations générales, politiques et économiques des grands quotidiens magazines et agences de presse américaines et internationales (1,9 millions de textes par an sont ajoutés dans cette banque).
Il faut citer également America Online qui donne accès par exemple au Chicago Tribune, au New York Times, Compuserve qui donne accès à USA Today, Florida Today ou encore Interchange qui permet de consulter le Washington Post. Sur ces serveurs se côtoient généralement la presse régionale et quelques grands quotidiens nationaux. La tarification est à la durée de consultation, certains serveurs proposent des forfaits notamment pour les quotidiens : America Online propose un forfait de $10 par mois pour 5 heures de consultation. Beaucoup de banques sont uniquement textuelles (sans illustrations), certains ont mis en place des systèmes spécifiques multimedia tel que Interchange pour consulter le Washington Post.
L'offre sur Internet est en émergence et de nombreux produits déjà disponibles sur d'autres réseaux sont adaptés aux serveurs World Wide Web. Dans cette phase de test, les accès sont gratuits en attendant une phase réelle de commercialisation. Certaines études montrent que depuis 2 ans, la presse grand-public américaine se mobilise autour d'Internet [40].
Pour le serveur Questel, ce secteur représente 15% de son activité de vente, et plus de 30% pour le serveur "Européenne de Données".
Questel héberge "les dépêches de l'AFP", les Echos, le Monde, La Croix, les hebdomadaires O1 Informatique, l'Express et de plus donne accès à la presse étrangère en étant distributeur français des services américains Nexis.
L'Européenne donne accès aux dépêches de l'AFP, aux quotidiens Les Echos, Le Monde, La Tribune Desfossés, à La Vie Française et au Journal Officiel.
Le marché français est caractérisé par les accès sur le réseau Videotex (Minitel) qui est un secteur rentable à en croire les chiffres de consommation annoncés : 1000 heures par mois pour AFP-Professionnel, 800 h pour les Echos, 450h pour l'Usine Nouvelle, 300 h pour le Monde ... Les coûts horaires sont de l'ordre de 550 F TTC, identiques aux accès en ligne sous forme ASCII.
L'édition électronique sur CD-Rom existe pour quelques produits, par exemple pour le Monde.
Quant à l'édition électronique multimedia sur Internet, on peut dire que l'offre encore très réduite est cependant en émergence avec certains projets pilotes tels que les cahiers multimedia de Libération, l'année 1994 du Monde Diplomatique accessibles sur des serveurs WWW, ou encore l'ouverture prochaine du serveur WWW "Globe Online" identifiable à un kiosque commercial multimédia qui hébergera le Monde, Libération et la Tribune Desfossés dans leur intégralité [41].
L'essor des premiers réseaux de télécommunication a commencé par modifier les modes de diffusion de la presse scientifique (banques de données ASCII bibliographiques ou en texte intégral).
Aujourd'hui avec un réseau informatique tel qu'Internet, ce sont les modes de production qui sont également en mutation jusqu'à la remise en cause de l'entité "revue" au profit de banques d'articles édités électroniquement. Le phénomène est observable notamment en mathématiques, en informatique et en physique.
Pour certains champs et dans un proche avenir, la revue traditionnelle papier sera fortement concurrencée par d'autres canaux de diffusion et de reconnaissance scientifique. Il faut cependant se garder de prévoir une généralisation du phénomène, car les disparités sont grandes entre les domaines scientifiques ; les pratiques d'échanges sont institutionnalisées, difficiles à remettre en cause. D'autre part, la nature des échanges ne justifie pas forcément l'adoption d'un nouveau médium.
Il faut donc s'attendre à un "paysage" varié selon les disciplines et parfois même au sein d'une même discipline, mais il est certain que la banalisation de réseaux informatiques questionne l'édition scientifique telle qu'elle existe aujourd'hui. (Paris, Août 1995)
THERY, Gérard.- Les autoroutes de l'information - La Documentation française, 127p., 1994
Current Opinions in Biology et Current Opinions in Medecine de Current Science Group.
Electronics Letters Online de l'Institute of Electrical Engineers incluant des liens avec la base bibliographique INSPEC du même éditeur.
Immunology Today Online d'Elsevier incluant des liens avec la base bibliographique EMBASE du même éditeur.
Online Journal of Current Clinical Trials (journal exclusivement électronique créé en 92) de Chapman & Hall.
Online Journal of Knowledge Synthesis for Nursing de Sigma Theta Tau.
© "Solaris", nº 3, Juin 1996.